8.4.12

Ce jour-là 1


Ce jour-là je me mets dans tous mes états. Ecartelée entre le besoin de faire le vide et de faire le plein, de prendre racine et de m’envoler, de semer la colère et de récolter la tendresse.
Ce jour-là je me démultiplie, je grimpe aux rideaux et finis carpette, tapie au plus profond de ma poussière couchée sur le tapis persan avec mes yeux de chienne battue. Ce jour-là je n’oublie rien mais je préfèrerais ne rien avoir vécu. Les mots rampent sur ma peau comme des sangsues mortifères. Je ferme les écoutilles mais au vol, une odeur humide de crépuscule entachée de lilas me rappelle à la douceur de l’autre côté de la vie. Je remonte le sentier minuscule qui va de la rue, passe sous le sapin, me dépose au pied de l’escalier, dernier sas de décompression. La pluie de l’après-midi a fait éclore des escargots sur la rampe encourbée de béton. D. N’aura pas manqué d’en faire des œuvres d’art.

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Oui, oui, oui, il y a heureusement encore un peu de reste d'énergie quand on arrive à se démutiplier, c'est au-delà que ça devient grave.
Y a les lilas, y avait la mer déchainée ...