8.4.12

scène de rue

Elle, c'est la mannequin qui se tortille pour avoir l'air de rien, l'air de l'hyper-femme du 5 avril 2012, éternellement jeune, éternellement mince, éternellement déhanchée, sexy, inaccessible. L'autre, à angle droit, l'oeil dans son viseur, juchée sur son escabeau, c'est la photographe, "vas-y chérie continue, ne t'arrête pas", et lui à droite c'est l'éclairagiste, mais sur ma photo on ne le voit pas, il dit en tenant son projecteur, il dit aux badeaux avec leurs téléphones portables : "non s'il vous plaît, ne prenez pas de photo", mais que peut-il leur faire à part  tenter de les intimider ? il ne peut pas leur courir après, il ne peut pas leur tirer dessus, il ne peut pas prendre leur nom pour les dénoncer à la police, il a besoin de ses 2 mains pour tenir  son bazar lumineux ;  déjà qu'eux avec tout leur cirque ils bouchent la rue, pourquoi les passants ne s'arrêteraient-ils pas pour prendre en photo ce qu'eux aussi photographient, et le mur à côté, c'est l'église qui tient compagnie au Panthéon, "AUX GRANDS HOMMES LA PATRIE RECONNAISSANTE" avec tous les gens qui se font photographier devant, et les morts dedans, le Jean Jacques, le Victor, le Voltaire, Jean Moulin, Malraux, Les Curie, Berthelot, Jaurès, Zola, Braille, tous ces morts dans leurs caveaux regroupés par genres disent "non s'il vous plaît, ne nous oubliez pas, mais laissez nous tranquilles", mais que peuvent-ils faire à part prier ainsi les touristes d'aller se faire prendre ailleurs ? Tandis que la mannequin continue de se dandiner et que je me dirige vers mon rendez-vous non sans avoir comme il se voit, pris une photo lointaine de la scène.

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