7.5.14

I' ll be back !

Nous nous garons dans la montée, juste avant mon cinéma désormais préféré. A moitié sur le trottoir, sous le panneau " interdiction de stationner mise en fourrière immédiate " est garé un car de tourisme, dont le garage se trouve en face ; je fais une remarque concernant le fait que l'interdiction de stationner ne concerne vraisemblablement que les voitures (comme le dessin du panneau l'indique précisément) et pas les cars. Et justement, oui. Lors d'une séance précédente, le chauffeur dudit car était venu faire un dernier appel aux spectateurs avant mise en fourrière imminente, puisque une voiture mal garée l'empêchait d'aller coucher son car (c'était la mienne et ça m'avait mis la honte). Depuis, je suis attentive et d'ailleurs la dernière lubie de ma voiture exige qu'on la gare en descente et pas en montée,
Pas beaucoup de public, il faut dire qu'après Médée de Pasolini et Napoléon d'Abel Gance, tout le monde ne bénéficie pas d'un éclectisme aussi large que le nôtre pour aller jusqu'au visionnage de Last action hero. Nous nous installons à nos places désormais préférées, au premier rang et bordés de plaids, mais la température est idéale, le palmier et ses boules de lumière rouges et bleues nous transportent directement en avant-goût de Californie. Le film est super bien, et je ne vois pas d'autres façons de le qualifier. Arnold se démultiplie, Schwartzenegger ("acteur, culturiste et homme politique autrichien naturalisé américain" source Wikipedia) se dédouble, Bergman s'invite, le double virtuel d'Humphrey Boggart fait équipe avec l'image animée de je ne sais plus quel cop du LMPD (prononcez elle aime pidi). Le film dans le film du film et du cinéma. Des clins d'oeil, des citations, des mises en abyme, où est la réalité ? on s'en fout.
2 heures plus tard, le sourire aux lèvres partagé avec le Cher du lieu à qui nous souhaitons le bonsoir, nous rejoignons notre véhicule, à petit pas tranquilles, sous une pluie finaude. La réalité augmentée irrupte alors sous nos yeux encore remplis de cinéma : Sur le pare-brise et sur la vitre latérale du car scotchées au vilain scotch marron des feuilles A3 sur lesquelles on lit  : "Jean-Paul je t'aime mais je ne veux pas te partager". Devant le garage, une femme, valise à la main, pieds nus dans ses sandales, attend que Jean-Paul finisse de baisser le rideau de fer du dortoir dans lequel cette nuit, le car, lesté de sa double déclaration d'amour exclusif, ne dormira pas. Elle a l'air d'avoir bien pleuré. Lui, a l'air gêné d'être surpris dans cet épisode tumultueux de leur histoire. Ils s'avancent vers le car. Jean Paul déverrouille l'un des coffres latéraux pour y déposer la valise de sa passagère. Nous nous demandons si la valise contient le corps démembré de la rivale. 
Nous allons trop au cinéma.


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