10.6.24

Résurgence (s)





 Font-Vive, Ardèche - et moi de retour ici
(transparente et fraîche avec des coins plus glauques,mais le glauque a ses belles facettes, comme je dis toujours)

5.2.24

On ne manque de rien

On ne manque de rien. Tout est fait pour assurer le transit des pensées lumineuses, le recyclage futur, pour que même ici rien ne se perde.

Endroit propice au relâchement

futur livre d'artiste de cabinet

journée des crevaisons multiples au Sud de Dijon

Journée de la chute spectaculaire des feuilles et des températures

Journée de la dubitation

journée de l'hiver qui approche et rend les houx plus rouges que verts

la soufflerie de l'aspirateur s'arrête en direct, c'est à nouveau la nuit

un jour je soumettrai mon cas de caca.

mon cas "avant défécation" à des spécialistes ; personne n'a jamais évoqué cet état, je me demande si quelqu'un d'autre partage cet état d'enthousiasme amphétaminé

Journée du ciel menteur trop bleu pour être signe d'été.
sûrement une bise sournoise se cache au ras des coins de rues.

Journée des aller sans retour et des sirènes sans repos et des jambes fatiguées

ne pas se laisser griser par la gristesse

ne pas se laisser enfermer dans la carcasse des mots

Journée des géraniums qui n'ont jamais connu le froid

Journée de m'être levée très tôt après avoir peu dormi pour aller prendre le train le petit chat d'en face à la fenêtre comme un pot de fleurs il regarde étourdi, les pigeons qui passent.

journée d'avoir relu une ou 2 pages du cahier hongrois, joie de retrouver de replonger

et ces atmosphères surchauffées comme ce matin

6 heures et déjà 30° au moins

on pourrait aller dans le livre blanc des records de nuits blanches

tout ce qui vient dans la tête alors n'est qu'une immense volute de craintes et de découragement

il est 4 ou 5 heures et on n'a toujours pas dormi

positionné le corps sur ses 4 faces, étendu, recroquevillé, séparés, collés, rien n'y fait

au matin l'impression étrange d'en avoir réchappé de justesse.

4.2.24

Le parc étendait sa sépulture de ramures murmurantes

Le parc étendait sa sépulture de ramures murmurantes et d’ombres sombres. Après les dédales du château, cadencé de couloirs en pièces vides, de souvenirs encadrés en gerbes de fleurs confites, le semblant de perspective apaisant le regard reposant le souffle. Je n’étais plus sorti de ce labyrinthe depuis 1983 et les histoires d’eau. Je ne savais pas si le monde existait encore, au-delà de ces frondaisons, de ces fontaines coulant en vases clos et vasques visqueuses, au-delà de ce ciel immobile. Mon itinéraire était toujours le même, j’empruntai tout d’abord la longue allée bordée d’arbres majestueux, peuplés de carouges à épaulettes blessés, mais rescapés de la grande épidémie du 4 janvier, abritant ça et là une créature élégante et diaphane, sensuelle, comme pénétrée par ses souvenirs de pierre. Puis, arrivé près de la petite statue fondante, je fondais. Elle me rappelait tant cette jeune fille connue jadis dans l’autre monde, un peu danseuse, un peu biche, qui posait toujours sur moi ses regards étonnés lorsque j’allais jeune homme acheter une baguette bien cuite dans le magasin de ses parents. Je fondai quelques minutes puis m’étant reconstitué, je reprenais ma marche inutile vers l’horizon sans fin –où l’œil jamais de l’homme n’apaisera décidément sa faim- Parfois à l’abri des buis, à l’habit des bruits, je remarquai des ombres, et leurs poses lascives évoquaient un couple après les ébats amoureux ou après les débats a-mourants. Selon. Mais leur intimité m’était fatale car ma douloureuse solitude suintait de mes yeux, alors que je n’avais plus les moyens de pleurer, j’étais à sec, et puis, j’étais encore un homme : que diable ! charpenté et droit comme du Giacometti charnu. Je devais contenir mes larmes, sangler mon cœur et reprendre ma marche sans but et sans issue qui me reconduirait inévitablement dans les mêmes couloirs, sur les mêmes tapis, les mêmes allées, les mêmes avenues. Puis un jour le froid de la pierre me figerait à mon tour, sans crier gare, et le prochain promeneur solitaire, s’arrêterait devant moi, essayant de déchiffrer mon improbable posture tandis que son chien se soulagerait.

2.2.24

Enfin Stevenson

 Je suis donc en train de "faire" le chemin de Stevenson, mais allongée, assise, dans mon lit, quoi. Ce ne sont que ravissement et surprises perpétuels quant à ses réflexions, ses descriptions de nuits à la belle étoile, de bête du Gévaudan, le "Napoléon Bonaparte des loups", les odeurs de pins, l'apprivoisement assez rude au début de Modestine. Une nuit dehors si parfaite qu'au matin il laisse quelques pièces de monnaie à l'emplacement de sa couche.

Levée aujourd'hui à 5.55, ce matin une lueur blanche et brumeuse à l'Est m'intrigue et je la retrouve quelques pages plus tard, annonciatrice de l'aurore, juste avant le pays des Camisards.

Dans un paragraphe plus loin où il est question d'oiseaux, je me crois chez Virginia Woolf (l'avait elle lu ?) dans nos interludes des Vagues sur lesquels nous travaillons depuis 2 ans avec notre atelier d'écriture À la brise de. Je pense aussi à l'usage du Monde chéri de Nicolas Bouvier tant aimé et qui serait concurrencé sur l'autel de mes livres cultes par celui-ci ? Chaque livre arrive à son heure ; ce "Voyages dans les Cévennes avec un âne" que j'ai depuis toujours dans mon rayon Auvergne, avec tous les documents "Cartographie" (d'encore À la brise), qui débute au pays de ma mère, mais jamais lu, jusqu'à ce que mon compagnon d'aventures m'en suggère la lecture , (merci). Oui, chaque lecture arrive à son heure. Je ne pense pas que je le marcherai jamais ce chemin, mais je sais pourtant que j'y habite, dans les landes des plateaux, dans les gaudrioles des oiseaux survivants.

Bernadette Montélimard, Yaya Lily et 11 autres personne