29.4.23

tout passe, tout lasse, même les anges

 "Durant les six premières années, j'ai fréquenté l'école des Soeurs et sous leur influence, j'ai développé une sorte de complexe auquel Freud n'a pas pensé, une espèce d'allergie aux anges. De ma huitième à ma douzième année, j'avais pour habitude de me retirer dans une chambre fermée à clé où je faisais des grimaces féroces, tourbillonnais sur moi-même, les poings serrés pour mettre mon ange K.O. Il s'agissait de l'ange gardien qui, nous assuraient les Soeurs, se tenaient aux côtés de chacune de nous. Et ne nous quittait jamais d'une semelle. J'éprouvais pour lui une haine totale. Je suis sûre de lui avoir décoché un coup de pied et d'avoir ensuite mordu la poussière. Impossible de blesser un ange mais j'aurais été heureuse de savoir que je lui avais sali les plumes...", l'Habitude d'être, 17 janvier 1956. Flannery O'Connor

Questions qui datent et qui font date

Si j'étais dieu, qu'est-ce que je garderais ?

Si j'étais dieu, est-ce que je me garderais ? (je veux dire "en tant que dieu", en tant que moi, la question ne se pose pas)

Si je pouvais me refaire, est-ce que je me rajouterais quelques centimètres ?

Si oui, qu'en ferais-je ? 
Où les mettrais-je ?

Et sinon, pourquoi ?

Combien y-a-t-il de vagues pas minute ? 

Ce nombre est-il toujours le même ?

Pourquoi n'y a-t-il d'éléphants qu'au PS ?
Les éléphants sont-ils de droite ou de gauche ?

Pourrais-je m'entendre avec une personne ayant des idées politiques très éloignées des miennes sachant que je passe pour être une personne grognon mais ouverte d'esprit et que j'entends dire ça et là que les extrêmes se rejoignent ?

Y-a-t-il des extrêmes parallèles ?

Pourquoi ne rencontre-t-on jamais d'agent secrets ?

Est-on vraiment sûr qu'ils existent ?
Peut-on entériner autre chose qu'une décision ?

Peut-on briguer autre chose qu'un mandat ?
Peut-on mandater quelqu'un pour le briguer ? 

Un lapsus peut-il être autre chose que révélateur ?

Un lapsus de Rachida Dati est-il plus révélateur de son incompétence ou de son échomimie ? 

Un collapsus est-il révélateur d'un coup de foudre partagé ?

Qu'allons-nous faire si en 2012 si ça ne tourne pas à notre avantage ?

Tiendrons-nous jusque là ?

Dans quel état errais-je, lorsque l'autre matin au lieu de ma crème hydratante à l'iris, je me suis tartiné le visage de dentifrice au ratanhia ?
A partir de combien de tubes de dentifrice doit-on envisager de se faire pousser la barbe ?
Euh, - de tirer sa révérence ?

Comment souhaiterais-je être habillée dans mon cercueil ? - si tant que je sois un cadavre localisé et non pas un corps disparu en mer, dans la plus belle crevasse des Himalayas de ma mère -
Certains se font-ils enterrer nus ?
Lors du décès d'un membre de ma famille, j'étais arrivée tard à l'hôpital, il gisait sur une table étroite, et les "personnels soignants" lui avaient enfilé sa veste "derrière-devant", car il était déjà trop raide, lorsqu'ils l'avaient découvert pour la lui enfiler dans le bon sens. Qu'auriez-vous fait à ma place ?

Y a-t-il des questions plus intelligentes que d'autres ?

Est-ce que je ferais une belle centenaire ?
La notion de beau peut-elle appliquée dans ce cas ?

Aimez-vous que l'on vous pose des questions ou préférez-vous qu'on vous laisse à votre mystère ?

Pensez-vous que l'autre ne s'intéresse qu'à lui s'il ne vous pose pas de question ?
Pensez-vous qu'il est indiscret s'il vous en pose trop ?
Comme l'écrivait Volodine dans "Des anges mineurs", dans lequel ne figurait pas Ange Gabrielle, qui n'est pas mineure du tout, "Et de nous d'eux, vous êtes lequel ?"

Quel effet cela vous fait-il lorsque dans un roman un personnage porte le nom rare de quelqu'un de votre entourage ? Voire le vôtre ? N'avez-vous l'impression que l'auteur vous a observé(e) à votre insu ?
Lui intenteriez-vous un procès ?

Quelqu'un aurait-il trouvé ma trousse rouge avec dedans mes clés de voiture (Béatrice ?) 

Où sera chacun de nous le 1er janvier 2018 ?

Ce blog vivra-t-il encore à cette date ?
tiendrons-nousjusquelà?

Lorsque j'avais l'âge tendre des serments, j'avais donnée RV à quelqu'un dans l'avenir : où cela peut-il bien être et quand ?

Si la personne concernée lit ce message, peut-elle me rafraîchir la mémoire et me dire s'il est encore temps ou si j'ai déjà raté le rendez-vous ?

Tiendrons-nous jusque là ? 

Pendant combien de temps encore supporterons-nous le poids de la brume sur nos épaules ?

Grâce aux nanotechnologies les poules peuvent-elles espérer un jour pondre 2 oeufs en même temps ?

Que deviennent les implants mammaires après la mort des implantées ?

Que deviendront les usines de silicone lorsque la mode ne sera plus aux gros seins ?
Aimeriez-vous vous lavez les mains avec la savonnette "mains propres" fabriquée à partir de la graisse liposucée de Berlusconnard ?

Le changement d'heure permet-il réellement aux vaches de se coucher plus tard ?  

A votre avis, combien de temps faut-il pour que les mots et expression suivantes tombent en désuétude : " y a pas de souci, festif, convivial, citoyen, sarkosisme, durable, acter" ? Tiendrons-nous jusque là ?

Si j'étais Dieu, est-ce que je révèlerais aux hommes qui m'a crée(E) ?

Pourquoi lorsque je vais au cinéma (bis etc.) et même si nous ne sommes que 3 dans la salle, suis-je toujours agglutinée de bavards ? 

Ai-je l'ouïe particulièrement fine ou le complexe de persécution particulièrement développé ?
La dame assise à côté de moi et qui a chanté les cantiques, le lac des cygnes et le reste lors du film "Des hommes et des dieux" s'est-elle rendu compte qu'elle n'était pas à la messe mais au cinéma ?
Si elle va voir les Demoiselles de Rochefort, chantera-t-elle la blonde, la rousse ou les forains ? Monsieur Dame ou le marchand de tableaux ?

Suite au visionnage du film "Moi, la finance et le développement durable", de Jocelyne Lemaire Darnaud, ne serait-il pas plus sage de creuser un trou dans le plancher, dans le jardin, dans la forêt pour y entasser - si tant est que nous ayons de quoi - nos économies, plutôt qu'elles ne servent à financer des mines anti personnels et autres saletés ??? {je mets plusieurs "???" car c'est une question qui demande mûre réflexion}

Qu'en diront les taupes ? Les vers de terre ? les capricornes ? les sangliers ? les truffes ?

Lorsque les nanoparticules nous auront remplacé par des robots, aimeriez-vous être ménagère de moins de 50 ans ou cerveau disponible ?

Où est le bout du monde ?
Pourquoi au-delà d'une certaine limite, les billets ne sont-ils plus valables ? 

 (un texte auparavant sur "à la brise de")

20.4.23

Des images qui sentent le goudron tiède



 

Cri Rouge, Jardin se crée

 Cri rouge, jardin se crée

 Ce coin de terre où je me terre pour panser mes pensées impies,

Entre le triomphe orange des soucis

Et la transparence d’un narcisse.

Les fleurs du drame murmurent avec dépit

Au mur des cathédrales végétales

Avec le temps qui s’enfeuille au rempart de ma funèbre ancolie.

 

Je me déporte vers ton ombre rouillée,

Là où glougloutait la source de nos malentendus,

Dans le jardin muet de mes scolopendres tristes.

     Je me souviens de ta voix de téléphone 

 

 

À la Saint Proust,

Quand la clameur de mes remords

Venait crever le vert-de-gris de ma désespérance,

Sous les premières gelées des hortensias bleus dorés.

  

Dans mon jardin d’outre monde,

Je cultiverai les voix ultramarines de la sagesse,

Les voix de mes morts inconsolables.

Dans un coin d’ombre,

Les mélopées hautes et frères de mes souvenirs d’avance,

Du temps où je parlais avec les arbres.

  

J’y cultiverai

Une herbe douce pour emmieller ma gorge

Et en faire enfin jaillir le cri rouge enchâssé

Une herbe odorante pour parfumer mes mots de badiane et d’anis

À toute faim utile

Une herbe à quatre feuilles pour le bonheur du jour

Et la chance que je ne sais pas tenter

Une herbe à chats pour miauler à la pleine lune

Dans l’orchestre de l’entre chiens et loups.

 

Et quelques daturas, pour couler dans mes rêves

La fureur de mes ennemis.

 

 Errer droit, haut debout,

Effacer son chemin

Parmi les herbes fichées comme des lames,

Comme des épées,

Matières ensanglanteresses qui font les belles cicatrices violettes,

Et dont on aura beau jeu, plus tard, de conter les boursouflures.

 

 

 Dans mon quartier sensible

Engoncée de ronces et d’immortelles

Je tends l’oreille au moindre de tes signes

 

Tes yeux bleus sont partis charmer l’éternité

Et tes longues mains franches aux veines de sculpture

Tournent les pages d’un livre jamais achevé.

 

Tu m’avais dit, tu m’avais dit…

Mais on dit tant de choses…

 

 Le jardin s’endort, mais pas moi.

Le jardin parle silence aux oiseaux de nuit.

Mais pas moi.

 

  Jardin-élixir-les-dombes

Des tombes où ne poussent que les âmes décharnées

Où s’époumonent des soupirs de fanfreluches dégingandées

 

On entend parfois entre deux pierres pleurer un chrysanthème.

  

Puis vient la neige dans son solfège étouffé,

Le jardin chante blanc avec sa peau humide,

Et sous le manteau

Grouille le vert,

Susurre l’humus,

Éclate le chœur des jonquilles et des crocus safran ou mauves.

Sous la chanson du blanc, se prépare une symphonie de violettes,

Une explosion de balsamines.

Je repousse l’hiver autant que fer-retourné-dans-la-plaie se peut ;

Je reste à la fenêtre, plantée loin de mes racines.

 

 

Sous une pierre

Un bruit de mousse

Une odeur de pin - d’épicéa -

Tout l’or du monde

Un désert de géométrie

Un rempart de vent

Une égratignure de persil.

 

Se mettre à genoux

Pour caresser la peau de la terre,

L’ensemencer en la priant de se faire belle.

L’ausculter, la palper

Comme on attendrait un verdict.

Réciter Arthur

Afin que le printemps soit ivre et courageux

Puis dans le tumulte de tout ce qui croît

Manger le silence à pleines mains.

  

Dans cet autre jardin semé des voix de mes ancêtres.

Au pied de leur marbre, les mots agrippés disent encore

Combien ils nous veulent,

De quel bois ils nous chaufferaient si l’envie les prenait.

Je leur sanglote à voix lasse le désir de les compter parmi moi,

Dans le feu de mes actions et le reflet de mon visage,

À mon corps défendant.

Je leur narre par le menu

Les errances de mes gènes ensorcelés par leur précédence.

Les fleurs fleurissent de leur poussière,

La tendresse et le dédain de leur amour défunt

Irisent de rosée

Le souffle lent à la corolle de mes yeux.

Ils disent que là-dessous il fait noir

Et qu’ils ont besoin de nous pour les cueillir,

Les accueillir et les reconnaître,

Pour faire s’envoler leur âme

De nos mains fastigiées.

J’écoute les voix et recueille les mots,

Je les mets à sécher dans des dictionnaires,

Pour les retrouver le moment venu,

Lorsque, à court de sens, je consulterai les oracles.

Et vous,

Immarcescible,

Votre voix inconnue résonne dans mon jardin secret.

Elle y côtoie les chœurs de mes amours virtuelles - mais vivaces –

Alignées dans leur carré de simples,

Parmi le basilic et la mandragore, la belladone et les forget-me-not.

Depuis longtemps vos mots inarticulés sur l’écran de nos vies fictives,

Effleurées entre deux indices,

Allument tous les maux de mes manques,

Qu’aucune tisane ne peut étancher,

Qu’aucun cataplasme ne peut apaiser,

Qu’aucun glossographe ne pourra jamais déchiffrer.

 

Je me promène dans les allées de mes non avenues quadriennales,

Parmi les odeurs bouleversantes de l’enfance,

Là où prennent racine tous les démons affamés,

Là où poussent les ailes des anges

Que je convoque parfois

Pour qu’ils me chantent l’air pur d’une histoire sans histoires.

 

Et cette année encore, je rends grâce à la flamboyance,

À la régularité de la lune

Et au murmure mélancolique des fontaines.


Table des Matières

 1.               Source des malentendus : Voix de taire

2.             Saint Proust –l’amour passe ou prend racine-

3.             Coin d’ombre : Voix d’eau

4.             Serre des voix voilées : Voix de gorge

5.             Terra incognita : Voix de sang

6.             Voix d’opale

7.             Voix de nuit

8.             Voix de nacre

9.             Jardin des âmes errantes : Voix des dombes

10.          Voix du miroir ou de la terre qui réfléchit

11.           Noli me tangere

12.          Carré des ancêtres : Voix de marbre

13.                    Jardin des simples : Langue de pierre