8.4.15

langues

j'ai appris des langues "étrangères" parce que "savoir", parler la langue de l'autre me paraissait nécessaire pour le ou la comprendre et pour me faire comprendre d'elle ou de lui. et comprendre semble vital ; ce n'était pas la seule raison, c'était aussi ma façon de faire de la musique, sans doute  ; en tout cas, ça ne "faisait" pas tout, car comprendre n'est pas tout, sentir suffirait-il peut-être ? non plus ; il y avait aussi ce fantasme de l'étranger qui a LA réponse -du temps où je croyais encore que cette chose pouvait avoir forme humaine- : l'autre qui avait la réponse pour moi, et dans une langue étrangère, forcément encore plus, puisque dans la mienne je ne l'y trouvais pas ;
au moins "ça" m'apprenait d'autres choses et nourrissait mon esprit curieux
Avec toi, c'est la langue du corps qu'il me faut "apprendre" ou plutôt TA langue du corps, uniquement à toi, parfois tu me dis :  « tu as bien de l'expérience ? » elle ne me sert à rien avec toi dans ce domaine -et je ne parle pas seulement de sexe-corps, tes réactions exacerbées aux douleurs "que je t'inflige", griffure, cognage de dents, est-ce que je ne mesure pas bien ta distance ? pénètre-je trop brutalement dans ton territoire ? ou simplement mal ça fait mal, ta peau fine comme des engelures, écorché, je ne prends pas soin du rythme de tes besoins vitaux, peut-être en effet pas de la même espèce -mais comment serait-ce possible avec tous les gènes que nous partageons déjà ? comment peut-on être aussi proches de coeur et de sens et si peu s'accorder, se sentir et si peu transmettre à nos peaux ? comment aller vers toi spontanément avec mes us et coutumes qui voudraient t'électriser et ne font que t'électrocuter ?- langue du corps que tu écris si bien aussi, et la langue des mots du corps qui te déliraient au téléphone si je savais y réagir et la langue de ton corps avec le mien.
Quant à ma propre langue, dans ma longue carrière de RV avec moi-même des jeudi vendredi tous les quinze jours depuis des années j'essaie de remettre les morceaux ensemble, pour qu'il n'y ait plus cette coupure entre les deux parties de mon corps, le haut Atlas qui pense et les bas morceaux qui ressentent ; ça prend du temps de retrouver des sensations aux endroits que j'ai laissé mourir, hiberner, ou que je me suis laissé anesthésier un jour de survie du reste ; drame des aventurières ; ou qui peu à peu s'étiolent parce que le temps fait que pendant que pour certains les cheveux blanchissent, pour d'autres le sexe se distend, la peau flanche, nous avons beau être élastiques, beau gris ténébreux...
peut-être aussi à voir avec l’amour, il me semble que ça a à voir avec l'amour celui que l'on veut bien se donner, à soi d'abord ou à soi ensuite, suivant les jours, ne pas s’oublier mais faire à l’autre tout le bon qu’on lui souhaite, encore faut-il savoir ce qu’il souhaite lui.
alors n'auras-tu plus la sensation de faire l'amour avec un ange, plume et transparence et peu de poids ?

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