22.7.11

Mother, mother, petite mère

RV tôt ce matin avec la nouvelle proprio de ma mère, bon d'accord c'est pas vrai. c'est pas sa proprio, c'est juste la cadre as they say, qui gère son immeuble. Une dame très gentille, qui aime son boulot pas de doute là- dessus. Ma mère va se retrouver sur internet (déjà que je la mets de temps en temps) faut même qu'elle renonce à son droit à l'image (ou pas), parce que certains jours ils font des sorties on les photographie et on les met en ligne, comme ça les proches i voient comment qui s'amusent bien. Bon c'est pas vrai, je me moque pas du tout. c'est du pensé, du certifié, de l'animé et du concret. c'est juste que c'est une chose que de parler pendant plus d'une heure pour cocher les rubriques, et puis c'en est une autre que monter d'un cran et aller voir la réalité en face. Plafond bas, peu de lumière, mais c'est le matin et orienté Est-Ouest. la chambre en question donne à l'Est sur le bâtiment le plus miteux qui reste dans le coin, mais bon on mettra des photos sur les murs. On visite le coin cuisine où 3 résidents font la pluche sous la présidence d'une cuisinière animatrice pétillante. j'ai les larmes aux yeux. Mais non, c'est à cause des oignons, découpés en quantité impressionnante par un homme si corpulent que je me demande comment ils le démontent de son fauteuil après. dans la salle commune, les résidents donc, assis autour de tables suivant affinités, sont tous incroyablement silencieux et immobiles. Bon, on est encore tôt le matin (11h.) ils ne sont pas encore au sommet de leur réveil. j'encaisse, je dis, de toutes façons je ne réalise jamais tout de suite, faut que j'intègre. La gentille dame au nom de fête des amoureux me souhaite une bonne intégration.
je sors, je prends le chemin le plus long pour aller embrasser ma mère, habitante encore pour un temps présumé court à quelques dizaines de mètres de là. Je commence l'intégration mais sans plus. Ma mère est assise dans son fauteuil, la tête dans les mains, les yeux plus enfoncés que jamais. je ne sais pas dire si d'ici la semaine prochaine elle sera en état de faire la traversée.

5 commentaires:

Laura- Solange a dit…

Oh la la , çà remue et çà rappelle des souvenirs...Courage à toi...

Marie, Pierre a dit…

Laura, je pense à toi souvent dans ces moments d'écriture de visite post-m. ; d'une certaine façon tu avais ouvert la voix, même si j'ai toujours écrit sur "eux" avant, mais j'écrivais sur eux dans mon enfance ; important maintenant d'écrire ces moments proches de la séparation définitive, que nos mères puissent nous faire écrire cet amour indescriptible, différent en tous cas d'un amour pour un enfant ou pour un homme ou une femme, exacerbé par l’imminence de la fin, qui fera de nous des orphelins, qui nous envoie une image de notre avenir pas si lointain non plus, puisqu'on ne peut s'empêcher d'y penser aussi ; mais écrire de toute façon, parce que c'est absurde mais que nous n'en sommes plus à une absurdité près.

Ange-gabrielle a dit…

Finalement, c'est presque une chance, pour moi, pour eux je ne sais pas, que mes parents soient morts si jeunes et ne soient pas passés par cette dernière case, même s'ils sont passés par l'hôpital longtemps. Ton texte me fait froid dans le dos, je connais un peu ces lieux où règne le silence pour avoir "visité" des parents d'ami(e)s qui n'en pouvaient plus.
Ta maman assise, la tête dans les mains, je la vois. Ca semble indécent de te dire que ton texte parle parfaitement. Je t'embrasse

béatrice a dit…

quand je te lis bip, comme quand j'ai lu solange pour son père, et quand je lis vos commentaires, je ressens votre amour et votre tristesse, et je me dis que cette tristesse est le cadeau d'amour que vous ont fait vos parents. l'amour et la tristesse je connais, mais je sais que moi, jamais je ne connaitrai la tristesse lorsque viendra l'heure du départ de ma mère. d'elle, encore vivante et en bonne santé, je ne peux mesurer que ma tristesse lorsque j'identifie sa présence dans tous mes actes de vie qui me font faire du mal à moi même, et que je répète encore et encore quand bien même je parviens toujours mieux à les identifier après coup. alors je suis au moins fière de moi d'avoir au moins réussi à ne répercuter ce mal que sur moi même et pas sur autrui. je me dis que je suis parvenue à être au moins une demi orpheline et à pouvoir survivre sans semer la désolation autour de moi. peut être que son départ sera pour moi une vraie naissance, je pense que oui, mais j'aurais préféré connaitre votre tristesse, en tout cas je la comprends et je suis avec vous.

Marie, Pierre a dit…

et être en paix avec ses parents, avant qu'ils ne meurent, c'est pas mal aussi. mais ça fait un peu messe de dire ça. mais sinon on ne peut pas recevoir l'amour. on peut aussi détester la mère de son enfance, et aimer la femme qu'elle est dans sa vieillesse, parce qu'on a fait le chemin, qu'on a compris des choses, éventuellement en étant mère à son tour. qui sait ce qu'on a d'elle ? sans le savoir ? alors qu'on croit s'être affranchi de tout ?