3.1.13

"Or, il n'est aucun bonheur qui ne soit un revenir"

"J'ai ressenti depuis toujours la plus vive émotion pour le galbe du sein, la peau blanche, les veinules bleues traversant la minceur de l'épiderme, le réseau de toutes les consolations. le plateau légèrement voûté de la chair blanche recouvrant les clavicules, surabondance cérusienne sous la gorge dans le soulèvement des souffles. Adulte, je ne peux imaginer d'enfance malheureuse avec auprès de soi une mère avançant les ogives roses du plus clame matin. Sphères, bulles, rondeurs, images de la mélancolie, du strabisme délicieux, d'un superbe surplomb très tôt conscrit pourtant par la gravité. L'écrasement délicat de la tête sur le sein, de la main heureuse sur la nuque, heurt du visage dans la moiteur des manipulations. Notre état initial de prématurité organique inscrit de terrifiants souvenirs physiologiques, de puissants appels à la restauration d'états antérieurs. Or, il n'est aucun bonheur qui ne soit un revenir, le revenant familier des jours oubliés, respiration fantôme, brachiale d'une initiale flottaison, du feutre nocturne des saxophones. Le désir d'être débarrassé de soi, la nostalgie du portage, du fait d'être transporté, de ne rien y comprendre.

[...]

L'auteur croit que s'il avait su faire quelque chose de sa vie, il n'aurait pas à écrire des livres, n'aurait pas à essayer de se rendre intéressant en polissant des phrases, ou en ayant conservé pour ami que Compagnon Office  (rM). Qu'il ne se retrouverait pas chaque jour devant le gâchis immense de sa vie d'homme de quarante ans mais tout bonnement ailleurs et pensant à autre chose dans une ville américaine. Seulement le cri d'un homme penché au-dessus d'un clavier, dans une pièce entourée de bibliothèques, marchant l'été, dehors, sur la rue Sherbrooke à la tombée du soir, revenant avec des livres usagés, ayant perdu tous les souvenirs de sa mère, oublié la voix de son père. Aimé beaucoup une femme, puis une autre plus intensément encore. Ne conservant sa mère que dans des intérieurs générés par les molécules variées que la pharmacopée moderne offre à ceux qui sont trop bien élevés pour devenir fous. La nourrissait tous les jours de ces dragées que l'on donne aux morts pour les apaiser. Une mère intérieure de consolation."

L'oeil sans paupière. Ecrire l'émotion pornographique. Christian St-Germain. presses de l'Université du Québec. 2003

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Ces québécois sont inégalables

Lìn a dit…

C'est ce québéquois qui a écrit cela, ou toi? Du coup, je vais être franche. Je n'aime pas du tout. L'écrit est lissé, Ok, bien convenu. Le fond est enfantin, enfantilise surtout le lecteur, le sein, la mère, etc. et si on passait à l'être? à l'adulte? non? faut arrêter avec ces discours puy sur l'enfant intérieur, la nostalgie du bébé qui a la nostalgie de la séparation avec le sein maternel, et tout cela ! ceux (et celles) qui ne le font pas c'est qu'ils ne sont pas courageux, restant à l'état Peter Pan. Stop. Du respect pour soi et pour les autres Svp. Ou alors : du balai !!!!!!! (de ta vie, de nos vies...), la vie est courte, unique, et mérite plus d'élégance.