13.10.21

Chuter pour ne rien dire

 Je suis une pierre et j'ai tué un homme

Alors quelqu'un a ramassé la pierre et je la porte depuis en pendentif, en gri-gri

 De quelle pierre suis-je le nom ?

Tellement concentrée en grains serrés et grenus dans les plaines et les déliés de mes méninges enflammées ?

Par un souvenir génétique

De quelle pierre de volcan endormi suis-je la lave vellave ?

Je m'achemine à pas crissants vers la fin de ma vie magnifique, effleurant de ma démarche tordue tous les cailloux-cochons qui ont fait trébucher mon allant naïf et confiant.

Chuter pour ne rien dire

Casser.

La jambe de ma mère

Les dents surtout

Des heures entières la bouche ouverte, à laisser s'affairer les ferrailles, les limailles, les gargouillis,

avec ma bouche offerte au cri muet, tandis que mes esprits volaient avec les étourneaux de la place au-dessus des platanes, s'absentaient du trou embué de salive, les gencives lisses, le sourire décarnassié.

un pont de pierre au milieu d'un virage

un caillou dépassant du chemin et moi regardant mes traces, déjà vers l'arrière,


 "mé oune mé dos mé tres, mé claou

tolle bardole dzindzin fournaou"

 

Choisir une pierre pour le voyage, pour le chagrin, pour la fatigue, pour la peur, pour la douceur. L'offrir pour que soit caressé au fond d'une poche le lisse de sa couleur et le souvenir évaporé de celle qui l'a donnée. Un jour la ramener au pays de ses ancêtres, dans son berceau, là où elle manque et met en péril l'équilibre de la terre qui ne serait qu'un seul pays. Mais qui penche, qui penche. Petit Poucet à l'envers.

1 commentaire:

Cactusfolk73 Florence a dit…

Très joliment écrit...je découvre je ne sais pas quel hasard ton blog...amitiés enfin ne dis t on pas qu il n y a pas de hasard...