8.10.19

encore une fois je vous écris


Je vous écris le soir quand le silence bourdonne de peurs. je vous écris comme une bouteille à la mer, qui flotte au milieu des détritus et n'atteindra jamais aucun rivage, (...) je vous écris sans voix, cent fois, avec les mots coincés dans le stylo, des mots pâtés, des mots ratures jamais servis ; je vous écris à l'ombre de la jeune fille en fleurs que j'étais, de la petite fille qui habitait dans les arbres, sans cabane, noisettes, cerises, mirabelles. je vous écris de ces pays enchantés, dont on revient cassé en deux, étoiles au ciel, piqué au vif par les mouches à feu, par les fantômes d'indiennes rouges et la poussière bleue électrique des ailes de papillons en voie de disparition. je vous écris de Macchu Pichu, d'Amazonie, tombée de la dernière pluie torrentielle. Oh non ! arrête avec ton Amérique à toi ! Je vous écris pour elle qui reste là-bas et me parle d'oiseaux jolis et rigolos qui lui font penser à moi. Je vous écris avec des yeux tout ronds de tout ce qu'ils ont vu. Et de l'humidité qui s'écoule des souvenirs tout cabossés. Je vous écris un peu mélancolique et détestant cela. Je vous écris d'une nouvelle aventure, 2 jeunes gazelles et une vieille sauterelle, novembre qui fait nuit et brouillard à la moindre occasion.  Je vous écris car il faut bien que quelqu'un le fasse, et que les che-mots chevauchent les che-phrases. Je vous écris en circonvolutions, pour ne pas vous dire ce qu'il y aurait à dire, mais qu'il faut bien essayer encore. Je vous écris car je ne peux pas vous parler, ma voix ne porte pas assez haut mes pensées, Je vous écris timide, je vous écris rouge et furie, Je vous écris timbre enroué, poussière de voix. Je vous écris avec la lune absente, les oiseaux endormis, les migrations suspendues. Je vous écris sans voir la mer et ses bateaux bourrés à ras bord d'humains à la dérive. Je vous écris de la terre ferme mais qui se dérobe sous mes pas. Je vous écris pour vous dire que je n'ai pas toujours la force, que j'aimerais être mon chat qui vient à ma rencontre sur la route, ce soir. Je vous écris pour que demain il fasse jour. 5-6 /11/ 2019 MPbipe

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Je vous écris pour vous dire que je vous ai lu, je vous écris pour vous dire que vous êtes entendue et aussi parce que derrière les nuages de novembre, le soleil est quand même là, même s'il se couche tôt ; ce n'est pas parce que la terre est fatiguée, c'est seulement parce que, elle comme nous, faisons partie du cosmos et qu'il suffit de le savoir. Il n'y a rien à espérer et rien non plus dont il faille avoir peur. Les mots ça fait souvent pleurer, alors peut-être vaut-il mieux ne pas les dire et juste sourire, les laisser passer -avec le reste. Je vous écris pour vous dire que vous les écrivez bien les mots.