10.2.19

Quand on me confondait avec Marie Cosnay (#1)


Cet été au mois d'août, je suis allée à un truc poétique en plein champ ; ça s'appelle Lectures sous l'arbre, au large de la Haute Loire, au Chambon sur Lignon. Il faisait beau et j'étais en retard, la Haute Loire, c'est tout une aventure, quand ce n'est pas coupé du monde par la neige, on a tout de même du mal à la pratiquer, c'est un lieu qui n'a pas été encore trop contaminé par la Communication, bien que toute cette manifestations soit allègrement soutenue par France Culture, Télérama et couverte jusqu'à Libé et le Dauphiné Libéré son petit frère de province sans doute, vu que Cheyne éditeur est une maison d'édition fort prisée par les amateurs de trucs poétiques avec sérigraphies. Donc, je me dirige vers l'arbre en question et je suis arrêtée par un trio de style parisiens en goguette poétique, fort excités ma foi de me rencontrer. Ma mémoire n'étant plus ce qu'elle était, je cherche lamentablement à me souvenir du houx et du camp ? mais leurs visages ne réveillent en moi aucun souvenir. Entre temps l'homme de la situation me dit : Alors ? Que s'est-il passé, ensuite ? tout en me tendant un livre, qui comme tous les livres depuis que je vous connais, devrait livrer sa réponse. Et c'était vrai. Au lieu de regarder le bouquin, j'improvise une réplique plus ou moins spirituelle (plutôt moins d'après ma mémoire défaillante) pensant que je suis dans le film, que la manifestation poétique et néanmoins interactive a commencé dès le parking et que si je donne la bonne réponse je gagnerai d'une part une édition gratuite de mon oeuvre complète, et d'autre part à être connue enfin. Le type continue de me harceler avec ses questions et me raconte des trucs qui doivent tenir de la private joke et que je ne comprends qu'en daignant regarder enfin le titre du bouquin en question : "Que s'est-il passé ?" de Marie Cosnay - et... parce qu'il me propose un stylo. Ce qui est vraiment étrange dans cette histoire, c'est que je ne ressemble pas du tout à Marie Cosnay, que ces trois personnes venaient de l'écouter lire son bouquin pendant une heure, qu'elle était habillée avec une longue robe diaphane comme dans les Marie Claire idées, et pas moi, et qu'à moins d'être Alzheimer à un stade avancé et contagieux, ils venaient de la quitter depuis moins de 30 minutes. J'en déduis donc que j'ai l'étoffe d'une écrivaine, même si je n'en ai pas le vêtement, ça ne fait plus aucun doute, je ne gagne même pas être connue ni vue, puisque je suis déjà reconnue et qu'on me donne à dédicacer des bouquins que je n'ai pas écrits. (Septembre 2005)


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