15.4.21

Frères cochons qui après nous vivrez

 Dans le COCHON tout est bon, hors le son.

 L’homme et le cochon ont en commun le tire-bouchon, mais leur ressemblance tient surtout à l’implantation assez similaire de leurs organes : On dit alors que le cochon est le cousin de l’homme ; l’humain Français a en plus pour cousins le Québécois et le germain. De là à dire que le Québécois est un cochon, il n’y a que l’épaisseur d’un lard que nous réserverons pour la garniture finale

Pour le germain c’est plus compliqué et moins politiquement correct. Nous y reviendrons peut être, selon les besoins du film. N’oublions pas de nous munir de nos vieilles cartes postales datant de la guerre, celles qui montrent l’un des protagonistes belliqueux masqué de rose groin.

Le cochon, est tour à tour objet de culte et de rebuffades.

Si on le juge impur, on se refuse à le nommer, on ne veut même utiliser la peau de sa vessie pour en faire des lanternes, qui font pourtant un effet si magique, lorsqu’agrémentées de peintures vives arabesquantes.

Si on l’aime, c’est soit pour le célébrer façon chinoise « Année du » - et l’on sera bien avisé alors de programmer des naissances dans l’intervalle, tout en priant Lao Tseu de le doter d’un attribut qui ne soit pas tirbouchonné – soit pour l’égorger en évoquant l’amour de la dévoration, façon garniture de choucroute, saucissonnages de 16 heures, et petit salé des lentilles.

Car si le cochon est un être extrêmement controversé, il n’en reste pas moins que sa chair est succulente. Certes il existe des pays dont il est banni, persona non grata, mais heureusement le libéralisme de masse et le tourisme du même nom ont finalement permis son ancrage et son élevage au rang de gourmandise, car il faut savoir que si du jambon de dinde est à présent servi dans les cantines de nos écoles de la République, du jambon de jambon est également servi  dans les restaurants de luxe de nos destinations les plus sulfureuses et les plus ou moins lointaines et dispendieuses en CO2 (cela dépend d’où l’on décolle). Mais ce n’est que reprendre en Francs suisses la monnaie de leurs dollars à tous ces riches touristes qui n’aiment rien tant que se dépayser, à condition de retrouver sur place leurs petites habitudes ; et puis business is business et d’ailleurs votre temps de parole est épuisé, qu’en dit votre voisin ?

 

 « tu es un vide -  pas même un trou car un trou a des parois – on ne peut pas te combler »

 

Pour le goret, omnivore -sans être anthropophage : on notera l’absence de h en début de mot- c’est du pareil au même, l’important étant d’engraisser, peut lui chaut de savoir si les patates de son auge sont bio ou irradiées. Car comme dit le proverbe : « les Cantonais mangent tout ce qui vole sauf les avions, et tout ce qui a 4 pattes sauf les tables ». Et le cochon sous son allure un peu boueuse sait se montrer en d’autres occasions, tel le canard, très laqué.

  « j’ai besoin de chair fraîche » … « du veau toujours du veau ! »

Certains humains croient bon de traiter leur épouse ou leur progéniture femelle de truie ventrue, et en patois des plateaux ça se dit caïte ventride. Idem pour le caïou qui sommeille et se croit poète en appelant sa douce « ma petite caille » : qu’il sache qu’il s’agit bien d’un nom d’oiseau, mais de celui dont on fait les saucisses.

 S’il est tentant, pour les besoins de l’histoire familiale, d’entendre dans ce son « caï.. » celui rocailleux de la caillasse percutant la tête de l’arrière-grand-père, afin de déloger des entrailles de son gilet le produit de la vente de ses gorets, on se souviendra qu’aujourd’hui, là n’est pas la question.

  « un jour nous deviendrons végétariens, sauf pour le cochon, c’est trop bon. »

MP REDON 2012-2013

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